Fondée par Caroline Alvarez et Renaud Denier, tous deux designers d'espace, l'association Les Insisyphes prépare, l'espace de quelques jours, des rencontres improbables entre des oeuvres à l'érosion assumée et des lieux impropres à la consommation... de l'art !
Au-delà de sa vocation d'origine, l'association produit également des interventions artistiques dans l'espace public.
Les Insisyphes se sont rencontrés pendant leur formation en design d’espaces à l’école
des Beaux-arts de Lyon. Ils partagent un certain rapport à la ville, à la fois poétique et absurde qui les
conduit à s’associer pour proposer des expériences artistiques dans l’espace urbain.
Les Insisyphes jouent avec des éléments de la ville insignifiants ou très connotés qu’ils
détournent ou s’approprient, souvent avec humour, pour créer de manière subtile ou flagrante
des situations étonnantes. Ils se plaisent à déjouer les perceptions et les usages
pour dévoiler l’insolite d’un univers pourtant connu.
Nichée au cœur du Centre d’échanges de Perrache, une rivière souterraine a fait son apparition.
Cette résurgence inattendue est composée de centaines de bandes de marquage routier rétro-réfléchissantes. Issues du vocabulaire routier, ces bandes s’émancipent de leur fonction première. Elles prennent la tangente pour devenir les motifs d’une composition que le public est invité à parcourir.
En remontant le cours de la rivière, les visiteurs baignent dans une lumière jaune, révélant un espace déroutant qui tend à l’abstraction. Une sensation de mouvement émerge, renforcée par la géométrie singulière du lieu, qui revisite malgré lui la fonction oblique chère à Claude Parent.
Proposer un autre regard sur le Centre d’échanges.
Il existe une filiation méconnue entre le Centre Beaubourg et ce centre d’échanges à l’architecture brutaliste. Jean Prouvé, qui travailla avec René Gagès à la conception des façades, fut aussi le président du jury du concours du Centre Beaubourg. Par ailleurs, l’E.L.A.C., ancêtre de l’Institut d’Art Contemporain à Villeurbanne, accueillit des expositions du centre parisien. Au-delà de sa simple utilité fonctionnelle, le Centre d’échanges de Perrache recèle des espaces riches d’un potentiel poétique encore à explorer.